Quelles adaptations au changement climatique ?

DSC_0326Le 8 février dernier, à l’occasion de l’Assemblée Générale d’Alysé à Migennes, Jérôme LAMONICA, expert en climatologie à la Chambre d’agriculture du Jura, est intervenu sur le changement climatique pour les années à venir.

Dans son intervention, il s’est attardé à faire un inventaire des éléments déjà visibles dans le monde, en France et en région depuis 1900 et jusqu’en 2017.

 

  • La température de l’air augmente

Tous les offices mondiaux l’ont identifié, la moyenne annuelle de la température mondiale est en hausse depuis 1910. Les écarts à la moyenne sont même de plus en plus importants (+ 0.7 °C en 2015).  En France il en est de même, depuis 1900 la tendance est clairement à l’augmentation (12.3 °C en 1900 contre 13.2°C en 2017) de près de 1 °C. Cette augmentation s’est amplifiée à partir de 1970.

  • Les masses glaciaires se réduisent,
  • La température des océans s’accroît,
  • La température des eaux douces s’accroît,
  • Les précipitations évoluent

En France, entre 1959 et 2009 on note une réelle augmentation des précipitations dans l’Ouest en été et dans l’Est en hiver alors que dans le Sud les précipitations diminuent.  

Ce que l’on voit aussi, c’est le plafonnement du rendement de certaines cultures, et notamment le blé tendre, l’évolution des pratiques agricoles avec l’avancement de 6.5 jours de la date de semis du maïs en Poitou-Charente depuis 1992. De nombreuses productions réagissent, les dates de vendange en bourgogne sont passées du 30 septembre en 1970 au 5 septembre en 2015 et les raisins sont plus riches en sucres. La date de floraison des arbres avance de 2.5 jours par décennie depuis 1960.

Face à ces constats, de nombreux réseaux d’observation se sont mis en place et des modèles mathématiques ont été construits afin de démontrer tous ces changements climatiques et d’en définir les causes. A partir des observations réalisées, les climatologues ont démontré que la plupart des modifications se sont amplifiées après 1970, période de forte augmentation des activités industrielles humaines. Les émissions humaines de gaz à effet de serre sont responsables de l’augmentation des températures moyennes mondiales.

La messe climatique est dite jusqu’en 2040, les modèles mathématiques sont formels. Pour entrevoir une première divergence de l’évolution en 2050, il faut commencer dès maintenant à modifier nos pratiques.

Les 3 défis de l’agriculture française

  • L’eau, l’évolution modélisée des débits saisonniers des cours d’eau en 2065 montre une augmentation importante en hiver mais une forte diminution en été et surtout dans le sud du pays. Les pratiques agricoles doivent évoluer.
  • Le calendrier d’évolution des stades des végétaux avance inexorablement. Entre 2036 et 2065, le maïs dans la Meuse aura atteint sa date de récolte plus de 30 jours avant celle observée entre 1971 et 2000.
  • L’adaptation aux aléas qui vont devenir de plus en plus fréquents (canicules et sécheresse).

 Carte clima XXI

 Quelles sont les options d’adaptation ?

Un certain nombre de Chambres d’agriculture ont intégré, depuis 2015 le programme ClimA-XXI, c’est le cas de la Chambre d’agriculture de l’Aube qui a intégré le programme en fin d’année 2017. Ce programme permet de réaliser des simulations avec une précision « à la commune ».

Comment ça marche

A partir de données de référence collectées entre 1956 et 1985, le modèle mathématique propose deux scénarios ; un scénario 2030 et un scénario 2080. Il est alors possible de simuler la température moyenne annuelle d’une commune à la fin du XXIème siècle.

A Migennes, par exemple, la température moyenne simulée en 2030 sera celle actuelle de Montélimar. Les pratiques culturales et les assolements seront fortement modifiés, les dates de mise à l’herbe avancée de plus de 15 jours, les dates de fauche avancées de 20 jours et nous pourrons cultiver des maïs beaucoup plus tardifs.

Les options d’adaptation

  • Avancement des dates de mise à l’herbe,
  • Des semis plus précoces,
  • De nouvelles variétés,
  • Du stockage d’herbe pour l’été,
  • De nouveau mélanges d’espèces prairiales,
  • Plus d’ombrage et d’abreuvement
  • Des assurances climatiques, …

Il ne faut pas envisager uniquement les effets néfastes du changement climatique. Le raccourcissement de l’hiver, par exemple, peut donner l’opportunité de développer les intercultures et de valoriser une nouvelle biomasse.

Le climat change, la nature et l’agriculture aussi !

Jean-Louis DECK

 

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Sur avril 19, 2018, posté le: Newsletter par

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