Une légère baisse de la marge compensée par un gain de production

Pour la 2ème année, les Galacsy ont été réalisés sur l’année civile, permettant de fournir des  tendances sur l’ensemble de la zone Alysé. 210 diagnostics ont été compilés, dont 52 dans le département de l’Aube. L’analyse des chiffres révèle un bilan mitigé.

Les élevages de la zone ont subi une 3^ème campagne fourragère consécutive très difficile. L’été sec a limité les repousses d’herbe et entrainé des rendements maïs très faibles dans de nombreux secteurs.

Depuis 2 ans les achats de fourrages accentuent le niveau de charge, alors que le poste concentré demeure à un niveau élevé.                                  

Côté produit, le prix du lait s’est maintenu au bon niveau de 2019, alors que la productivité laitière s’est bien repris notamment grâce aux bons fourrages de l’an passé.

Au final, la marge en €/1 000 litres stagne mais demeure à un niveau intéressant.

Ainsi, le niveau de livraison s’est accru en moyenne de 18 000 litres par exploitation.

La productivité laitière permet de préserver la marge/VL au niveau de 2019. Sans permettre un réel gain, l’accroissement du volume livré stabilise la marge brute.

Graphique 1 : Légère baisse de la marge brute en €/1 000 litres

Prix du lait et productivité ne font donc que compenser les difficultés fourragères. Derrière cette tendance, se cache bien sûr une diversité grandissante de situations. Alors que le « tiers sup » accroit sa marge de 13 % tiré par un prix du lait et un volume livré en hausse (respectivement + 4 €/1000 l et +6 %), un tiers des exploitations voit la marge d’atelier baisser de 16 % avec un prix du lait affaibli de 3 €/1000 l et un volume livré qui stagne.

Encart

Quelle stratégie face aux déficits fourragers successifs ?

Des hypothèses de baisse de rendement de 30 % sur le maïs ensilage et de 25 % sur les prairies ont été appliquées à un cas type Lait-Céréales.

Trois scénarios en réponse à ces déficits ont été simulés :

– Scénario 1: Augmentation de la surface fourragère : plus d’herbe dans la ration des vaches, limitation des achats.

–  Scénario 2: Utilisation de la surface disponible en maïs, achat du solde du déficit.

– Scénario 3: Adaptation de la taille du cheptel et de la production aux ressources fourragères

L’impact des ces 3 scénarios sur les résultats économiques du cas-type se traduit ainsi :

Dans un contexte d’accidents climatiques récurrents, la recherche d’autonomie en augmentant la surface fourragère et la part d’herbe dans l’alimentation des VL apparaît comme la meilleure réponse :

Disposer d’une surface tampon en maïs grain.

• Intégrer un peu plus de prairie temporaires où légumineuses dans le système.

• Jouer à la marge avec des dérobées quand c’est possible.

Le scénario 2 est plus réactif que le 1 mais ne doit pas s’installer de façon durable.

La réduction de cheptel est la solution la plus défavorable pour s’adapter ponctuellement à un épisode de sec. Cependant si structurellement la surface fourragère ne peut pas évoluer, il peut être judicieux de réduire la taille de son cheptel pour devenir plus résilient.

Une vigilance toute particulière doit être portée dans la réflexion sur les projets d’investissement lourds (bâtiments et traite). Ils s’accompagnent souvent de développement du troupeau, cela peut mener à des impasses avec des systèmes fourragers trop tendus qui ne permettent pas de passer le cap d’années sèches de plus en plus nombreuses.

Lisa Delesse et Franck Lavedrine, Alysé